Thursday, July 29, 2010

Les conséquences des crimes de guerre américains


Le taux de cancer de Falloujah pire que Hiroshima

La ville irakienne de Falloujah continue de subir les terribles conséquences de l’attaque militaire des États-Unis vers la fin 2004.

Selon les auteurs d’une nouvelle étude, « Cancer, Mortalité infantile et Ratio sexuel des naissances à Falloujah, en Irak, entre 2005 et 2009 », le peuple de Falloujah éprouve des taux très élevés de cancers, de leucémies, de mortalités infantiles et des mutations sexuelles que celles enregistrées chez les survivants d’Hiroshima et de Nagasaki au cours des années qui ont suivi l’incinération de ces villes japonaises par les frappes nucléaires américaines en 1945.


L’étude épidémiologique, publiée dans International Journal of Environmental Studies and Public Health (IJERPH), a également constaté la prévalence de ces conditions à Falloujah comme étant plusieurs fois plus grande que dans les pays avoisinants.

L’assaut sur Falloujah, une ville située à 43 miles à l’ouest de Bagdad, a été un des crimes de guerre les plus horribles de notre temps. Après que la population ait résisté à l’occupation américaine de l’Irak, une guerre de pillage néocolonial lancée sur une base mensongère, Washington était déterminé à faire un exemple avec la ville majoritairement sunnite. C’est ce qu’on appelle une punition

« exemplaire » ou « collective », et, selon les lois de la guerre, c’est illégal.

La nouvelle étude sur la santé publique de la ville prouve maintenant ce qui était soupçonné depuis longtemps : Qu’une forte proportion des armes utilisées lors de l’attaque contenait de l’uranium appauvri, une substance radioactive utilisée dans les obus pour accroître leur efficacité.

Dans une étude sur 711 maisons et 4,843 individus réalisée en janvier et février 2010, les auteurs Chris Busby, Malak Hamdan, Entesar Ariabi et une équipe de chercheurs ont constaté que le taux de cancer avait quadruplé depuis l’attaque des Etats-Unis, il y a cinq ans, et que les formes de cancers de Falloujah étaient semblables à celles constatées chez les survivants des bombes atomiques de Hiroshima et de Nagasaki, qui ont été exposés à d’intenses retombées radioactives.

A Falloujah, le taux de leucémies est 38 fois plus élevé, le taux de cancers chez les enfants est 12 fois plus élevé, et les cancers du sein sont 10 fois plus fréquents que dans les populations de l’Egypte, de la Jordanie et du Koweït. Les niveaux croissants de lymphomes adultes et des tumeurs cérébrales ont également été signalés. À 80 décès par 1,000 naissances, le taux de mortalité infantile de Falloujah est plus que cinq fois supérieur à celui de l’Egypte et de la Jordanie, et huit fois supérieur à celui du Koweït.

Étonnamment, après 2005, la proportion des naissances des filles à Falloujah a fortement augmenté. Dans la population normale, 1050 garçons naissent pour 1000 filles. Mais, parmi ceux qui sont nés à Falloujah dans les quatre années qui ont suivi l’agression des États-Unis, le ratio a été ramené à 860 garçons pour 1000 naissances féminines. Cette altération est semblable au ratio entre les sexes pour Hiroshima après le bombardement atomique des États-Unis de 1945.

La raison la plus probable pour le changement dans le ratio des sexes, selon les chercheurs, est l’impact d’un événement mutagène très important, comme l’utilisation d’uranium appauvri dans les armes des États-Unis. Alors que les garçons ont un chromosome X, les filles ont un chromosome X redondant et peuvent donc absorber la perte d’un chromosome par des altérations génétiques.

« C’est un résultat extraordinaire et alarmant », a déclaré Busby, un professeur en biosciences moléculaires de l’Université d’Ulster et directeur des recherches scientifiques pour Green Audit, un groupe indépendant pour les recherches environnementales. « Pour produire un tel effet, certaines expositions mutagènes très importantes doivent avoir eu lieu en 2004, lorsque les attaques ont eu lieu. Nous devons trouver de toute urgence quel a été l’agent. Bien que beaucoup de gens soupçonnent l’uranium, nous ne pouvons pas être certains sans des recherches supplémentaires et des analyses indépendantes des échantillons provenant de la région. »

Busby a déclaré à une chaîne italienne de nouvelles télévisées, RAI 24, que l’augmentation « extraordinaire » des maladies reliées aux radiations de Falloujah est plus élevée que celle observée dans les populations d’Hiroshima et de Nagasaki après les frappes nucléaires américaines de 1945. « Je pense que cela a été causé par l’uranium appauvri », a-t-il dit. « Cà doit être relié. »

Les militaires américains utilisent de l’uranium appauvri, également connu comme du combustible nucléaire épuisé, dans les obus perforants et les balles, parce qu’il est deux fois plus dense que le plomb. Cependant, une fois que ces obus ont atteint leur cible, plus de 40 pour cent de l’uranium est pulvérisé sous la forme de minuscules particules dans la zone de l’explosion. Ces particules peuvent y rester pendant des années, pénétrant facilement dans la circulation sanguine humaine, où se logeant dans les glandes lymphatiques et attaquent l’ADN produite dans les spermatozoïdes et les ovules des adultes infectés, provoquant de graves anomalies congénitales dans la prochaine génération.

La recherche est la première justification scientifique systématique d’un ensemble de preuves montrant une forte augmentation de la mortalité infantile, d’anomalies congénitales et de cancers à Falloujah.

En octobre 2009, plusieurs médecins irakiens et britanniques a écrit une lettre à l’Organisation des Nations Unies demandant une enquête sur la prolifération des maladies reliées aux radiations de la ville :

« Les jeunes femmes de Falloujah, en Irak, sont terrifiées par l’idée d’avoir des enfants en raison du nombre croissant de bébés nés grotesquement déformés, sans tête ou avec deux têtes, un seul œil dans le front, des corps écailleux ou des membres manquants. En outre, les jeunes enfants de Falloujah sont maintenant frappés par d’hideux cancers et leucémies…. »

« En septembre 2009, l’hôpital général de Falloujah comptait 170 nouveau-nés, dont 24 pour cent sont morts au cours des sept premiers jours, avec un effrayant 75 pour cent des bébés morts classés comme déformés…. »

« Les médecins de Falloujah ont expressément souligné que, non seulement ils ont observé un nombre sans précédent de malformations congénitales, mais les naissances prématurées ont aussi considérablement augmentées après 2003. Mais, ce qui est plus alarmant, c’est que les médecins de Falloujah ont dit, « Un nombre important de bébés qui survivent commencent à développer des handicaps graves à un stade ultérieur. »

Le Pentagone a répondu à ce rapport en affirmant qu’il n’y avait pas d’études pour prouver l’existence d’une telle prolifération des malformations ou autres maladies associées à des actions militaires américaines. « Aucune étude à ce jour n’a indiqué des problèmes environnementaux résultant en des problèmes spécifiques pour la santé », a déclaré un porte-parole du Ministère de la Défense à BBC, en mars. Il n’y a eu aucune étude, cependant, en grande partie parce que Washington et ses marionnettes du régime de Bagdad les ont bloquées.

Selon les auteurs de « Cancer, Mortalité infantile et Ratio sexuel des naissances à Falloujah », les autorités irakiennes ont tenté de saborder son enquête. « Peu de temps après que le questionnaire de l’enquête ait été rempli, la télévision irakienne aurait supposément diffusé qu’un questionnaire d’enquête était dirigé par des terroristes et que toute personne répondant ou administrant le questionnaire pouvait être arrêté », rapporte l’étude.

L’histoire des atrocités commises par l’impérialisme américain contre le peuple de Falloujah a commencé le 28 avril 2003, lorsque soldats américains ont tiré au hasard sur une foule d’environ 200 habitants qui protestaient contre la conversion d’une école locale en une base militaire américaine. Dix-sept personnes ont été tuées dans l’attaque non provoquée, et, deux jours plus tard, les soldats américains ont tiré sur une manifestation contre les meurtres, tuant deux personnes de plus.

Ceci a intensifié la colère populaire, et Falloujah est devenue un centre de la résistance sunnite contre l’occupation américaine, et les représailles américaines. Le 31 mars 2004, une foule en colère a intercepté un convoi de l’entreprise privée de sécurité Blackwater USA, responsable de sa propre portion de crimes de guerre. Quatre mercenaires de Blackwater ont été sortis de leurs véhicules, battus, brûlés et pendus à un pont sur l’Euphrate.

L’armée américaine a alors promis de pacifier la ville, avec un officier anonyme disant que ce serait transformé en « un champ mortel », mais l’opération Vigilant Resolve, impliquant des milliers de Marines, s’est terminée par l’abandon du siège par l’armée américaine en mai 2004. La victoire des habitants de Falloujah contre une écrasante supériorité militaire a été célébrée à travers tout l’Irak et observée partout dans le monde.

Le Pentagone a donné sa réponse en novembre 2004. La ville a été encerclée et tous ceux qui étaient demeurés à l’intérieur ont été déclarés être des combattants ennemis et un bon parti pour la machine à tuer la plus lourdement équipée de l’histoire du monde. L’Associated Press a rapporté que les hommes qui tentaient de s’enfuir de la ville avec leurs familles étaient refoulés dans l’abattoir.

Dans l’attaque, les Etats-Unis fait ont fait un usage intensif d’un agent chimique au phosphore blanc. En apparence seulement utilisé pour éclairer les champs de bataille, le phosphore blanc cause des blessures terribles et souvent mortelles, brûlant son chemin à travers les matériaux de construction et les vêtements avant de brûler son chemin dans la peau jusqu’aux os. Le produit chimique a également été utilisé pour aspirer l’oxygène des bâtiments où les civils se cachaient.

Le désir de Washington de se venger de la population est indiqué par le fait que l’armée américaine ait déclaré environ le même nombre de « tireurs » tués (1,400) que ceux qui ont été faits prisonniers (1,300-1,500). Dans un cas, NBC News a pris des séquences vidéo d’un soldat américain exécutant un irakien blessé et sans défense. Une enquête de la Marine a rapporté plus tard que le soldat avait agi en légitime défense.

Cinquante-et-un soldats américains sont morts en 10 jours de combat. Le nombre réel de résidents de la ville qui ont été tués n’est pas connu. La population de la ville avant l’attaque était estimé à entre 425,000 et 600,000. La population actuelle est estimé à entre 250,000 et 300,000. Des dizaines de milliers, principalement des femmes et des enfants, ont fui avant l’attaque. La moitié des bâtiments de la ville ont été détruits, la plupart des décombres.

Comme une grande partie de l’Irak, Falloujah reste en ruines. Selon un récent rapport d’IRIN, un projet du Bureau pour la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, Falloujah n’a toujours aucun système d’égouts fonctionnels six ans après l’attaque. « Les déchets se déversent dans les rues et s’infiltrent dans l’eau potable », note le rapport. « Abdul-Sattar Kadhum al-Nawaf, directeur de l’hôpital général de Falloujah, a déclaré que les problèmes des égouts ont eu des conséquences néfastes sur la santé des résidents. Ils étaient de plus en plus touchés par la diarrhée, la tuberculose, la typhoïde et les autres maladies transmissibles. »

La sauvagerie de l’agression des États-Unis a choqué le monde, et a ajouté le nom de Falloujah à la liste infâme qui comprend My Lai, Sabra et Chatila, Guernica, Nankin, Lidice et Wounded Knee.

Mais, contrairement à ces autres massacres, les crimes contre Falloujah n’ont cessé quand les balles n’étaient plus tirées ou les bombes ont cessé de tomber.

La décision des militaires américains de déployer massivement l’uranium appauvri, prouvée par l’étude, « Cancer, Mortalité infantile et Ratio sexuel des naissances à Falloujah », était un acte d’une brutalité aveugle, empoisonnant toute une génération d’enfants non encore nés en 2004.

L’étude de Falloujah est opportune, avec les États-Unis en train de préparer une escalade majeure de la violence en Afghanistan. L’ancien chef des opérations des États-Unis en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, a été remplacé le mois dernier après une campagne médiatique, assistée par un élément du magazine Rolling Stone, l’accusant, entre autres choses, d’attacher les mains des soldats américains dans leurs réponses aux insurgés afghans.

McChrystal a été remplacé par le général David Petraeus, ancien chef du US Central Command. Petraeus a révélé les nouvelles règles d’engagement visant à permettre l’utilisation d’une force disproportionnée contre les présumés militants.

Petraeus, à son tour, a été remplacé au US Central Command par le général James « Mad Dog » Mattis, qui a joué un rôle majeur dans la planification de l’agression des États-Unis sur Falloujah en 2004. Mattis se délecte dans les tueries, en disant dans une réunion publique, en 2005 : « C’est amusant de tirer sur des gens …. Vous savez, c’est un enfer de délices. »


Traduit par Oscar Blais pour http://pleinsfeux.com
Mercredi 28 juillet 2010


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