Friday, June 22, 2007

La seconde mort d'Ajahn Chah

Un autre regard sur la Thaïlande

Une vidéo et un site consacré à la sorcellerie du bouddha ont détruit mes illusions sur la Thaïlande. J’espérais quitter un jour l’Europe et son matérialisme pour m’installer dans un monastère thaïlandais. C’était avant de découvrir la pratique magique des Khuman thong. J’avais lu, il y a deux ans un petit article dans " Bouddhisme Actualités " au sujet d'un moine arrêté par la police thaïlandaise après avoir grillé un fœtus. J’étais persuadé que ce moine était un psychopathe, j'ignorais l'existence de la sorcellerie du bouddha.

Les représentations en bois des Khuman thong sont omniprésentes en Thaïlande (temples, commerces, particuliers…) Je ne voyais que des éléments folkloriques dans le fatras des autels : un mélange insolite de représentations de rois, d’animaux, de bouddhas, d’enfants (les fameux Khuman Thong). Je sais maintenant que des bouteilles d’huile sacrée peuvent contenir de la graisse de nouveaux nés grillés. Je vois autrement les Thaïlandais en découvrant leur intérêt pour la magie noire, cette magie qui ne recule pas devant le crime.
La passion des Thaïlandais pour les amulettes ressemblait aux passions de tous les collectionneurs. Beaucoup d’amulettes sont cotées et les Thaïlandais ne me semblaient pas très différents des philatélistes Français. Aujourd’hui, les motivations des acheteurs d’amulettes me semblent bien viles.

Les vénérables Ajahn Chah et Buddhadasa Bhikkhu sont morts, avec leur disparition tout un pan moral du Théravada s’est volatilisé.
La communauté bouddhiste francophone demeure silencieuse face à la dégénérescence religieuse, elle a choisi d'ignorer les pratiques magiques des moines et la commercialisation de la sorcellerie du bouddha. Des sorciers, des marouts cadavériques, portent la robe des disciples du Bouddha et fabriquent des gris-gris. Leurs acolytes, yogis tantriques occidentaux, se chargent de la vente sur eBay.

Quant aux autres moines, ils ne sont guère inspirés par l’enseignement du Bouddha comme le révéla un événement politico-religieux :

En 2002, les moines Thaïlandais exigèrent la création d’un ministère du bouddhisme.
Venus des soixante-seize provinces de Thaïlande, des milliers de moines manifestèrent devant le siège du parlement à Bangkok pour réclamer la restructuration du département religieux qui est de la compétence du ministère de l’éducation.
Le gouvernement refusa de nommer un ministère ayant la charge exclusive des questions bouddhistes au motif que cela serait perçu comme une discrimination à l'égard des autres religions, notamment la minorité musulmane thaïlandaise. Phra Sri Pariyattimoli, abbé du Wat Mahatat de Bangkok et responsable du mouvement, voua les hommes politiques rétifs à des châtiments occultes. En Thaïlande, les moines jouent un rôle social et politique important, ils n'hésitent pas à menacer les politiciens peu coopératifs de redoutables maléfices.

Récemment, un religieux Thaïlandais a troqué ses figurines d’envoûtement contre une Kalachnikov pour se faire entendre d’un ministre probablement récalcitrant à la sorcellerie du bouddha.




Kalachnikov dharma en Thaïlande



Sunday, May 27, 2007

AJAHN CHAH

« Notre vraie demeure » et « Pourquoi sommes-nous ici ? » d’Ajahn Chah

La traductrice, Mariette Lattion, écrit :
« Ce qui m'a frappée dans ces deux exposés d'Ajahn Chah, c'est le sens de l'urgence. Urgence de réaliser qu'il n'y a rien dans le monde sur quoi l'on puisse durablement s'appuyer. Que ce soit notre corps qui est perpétuellement soumis au changement de la naissance jusqu'à la mort, que ce soient les êtres auxquels on tient, nos connaissances, nos possessions, notre situation sociale, nos idéaux. Tout cela est soumis à la loi du changement et en fin de compte on ne peut que l'accepter sinon on crée de l'insatisfaction et de la souffrance pour nous-mêmes.
Pourtant à cela il y a une solution: trouver refuge dans la stabilité et la paix de notre coeur, là où demeure en nous le Bouddha, Celui qui sait, cette magnifique possibilité pour chacun de nous de réaliser à chaque instant la Vérité de manière pratique dans la vie de tous les jours. C'est cela que nous rappelle ici Ajahn Chah. N'attendez pas d'être vieux pour réaliser cela. Libre à nous de nous mettre en chemin. »

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Wednesday, March 14, 2007

Les SDF du DHARMA


Les ermites nomades de Thaïlande.
Les moines bouddhistes " dhutanga ", appelés " tudong " en Thaïlande, se consacrent à la vie errante comme à l’époque de Bouddha. Ils voyagent à pied à la recherche d’endroits propices à la méditation. Ils résident en plein air (abbhokasikanga), de préférence dans les forêts (arannikanga) et au pied d’un arbre (rukkamulikanga). Leur code de vie ne présente pas de caractère obligatoire. L’objectif est la simplification des besoins, il ne s’agit pas de pratiquer des mortifications.
De nos jours, il n’est pas rare de rencontrer des moines dhutanga en Thaïlande, le mot thaï " tudong " qui les désigne signifie " errer ", " partir " en pérégrination. Les tudong sont les derniers représentants de l’antique sagesse des philosophes errants de la trempe du Bouddha Siddhârta Gautama. Ils ne se soucient pas de fonder des institutions bouddhiques prospères et des centres de loisirs méditatifs où tout est tarifé.
Le moine Thaïlandais Ajahn Chah était un authentique tudong. Sa vie exemplaire et sa réalisation spirituelle ont suscité de nombreuses vocations de moines dans la Tradition de la Forêt des Anciens, des Théra. Les disciples occidentaux de Ajahn Chah ont créé plusieurs monastères en Europe. En 2000, j’ai eu la possibilité de séjourné quelques jours au monastère Dhammapala de Kandersteg en Suisse. Il n’y a pas de gourou et d’enseignement payant, tous les religieux respectent le conseil du Bouddha :
" Ne vous contentez ni des rumeurs, ni de la tradition, ni de coutumes immémoriales, ni de l’autorité de textes sacrés, ni d’une supposition, ni d’une déduction logique, ni d’une preuve sûre, ni d’une inclination naturelle pour telle ou telle idée après y avoir réfléchi, ni des compétences d’autrui, ni de la pensée " le moine est notre maître ". Quand vous savez en vous-mêmes que " ces choses sont saines, irréprochables, conseillées par celui qui est sage, et qu’une fois adoptées et mises en pratique, elles procurent bien-être et bonheur ", alors vous devriez les pratiquer et vous y tenir… "(Kalama sutta)
Malheureusement, les moines, qui perpétuent en Occident la vieille misogynie bouddhique, sont attachés à des préjugés anachroniques démontrant ainsi que l’éveil libérateur tarde à se manifester malgré leurs méditations et les sages conseils du Kalama sutta.
Le père fondateur de leur ordre n’avait pas hésité à rejeter le système des castes, la croyance en l’Atma, le ritualisme des brahmanes… Pouvait-il aussi promulguer l’égalité des sexes dans une Inde qui abrogea récemment le sacrifice par le feu (satî) des veuves, par exemple ? De nos jours, les femmes réussissent dans tous les domaines de la société, la misogynie du clergé bouddhique est une offense à l’intelligence, c’est un reliquat de la barbarie patriarcale.
F.Félix